













































Je photographie des éléments et objets anciens ou hors d’usage qui échappent à une vie purement pragmatique, fonctionnelle et défient une certaine uniformisation contemporaine. Isolés et décontextualisés, ils véhiculent la mythologie d’un quotidien déchu, d’une ère lointaine. L’objet est un passeur, il fait le lien d’une époque à une autre en conservant son caractère humain.
Je pars sur des territoires isolés ; zones périurbaines, banlieues pavillonnaires, quartiers résidentiels, milieux insulaires… des lieux où je ressens une histoire forte, une sensibilité qui se situe à la fois en dedans et en dehors de l’espace psychique de la ville, de la maison, du territoire. Il s’agit de mondes où l’immobilité rayonne et laisse comme une coloration poétique sur les choses.
La nuit, quand le temps se dilate et que les repères spatio-temporels disparaissent, je ressens un vertige, un flottement, caractéristiques d’une époque qui bascule. Les objets singuliers que je rencontre sont les réceptacles d’une mémoire collective qui interroge la façon dont nous habitons l’espace. Quand l’Homme disparaît, il reste ce qu’il a bâti de ses mains, ce qu’il a modelé, ciselé et la possibilité ou non de récits historiques ou imaginaires.